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Amely-James KOH BELA

Amely-James KOH BELA
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Derniers commentaires
11 juin 2007

Conférences

A travers des conférences autour du monde, j’explique les raisons de ce trafic, les causes, et les conséquences.

BoutounAmJ’explique surtout l’approche ethnoculturelle qui est fondamentale pour garantir le succès d’une action auprès des populations africaines.

J’utilise ma situation d’africaine pour rentrer partout en utilisant les codes comportementaux, le langage verbal ou non, les traditions, cultures et coutumes  et je parle dans la langue de ceux auxquels je m'adresse.

Des conférences en fonction des cibles :

  • Les Femmes : elles sont au coeur de la machine prostitutionnelle. Epouses de clients, mères de prostitué(e)s, et parfois prostituées elles-mêmes. Elles sont le pilier des familles et organisent tout dans la maison. Elles sont transmetteurs des valeurs et éducatrices des enfants.
  • Les jeunes : ils sont la jeunesse et sont influençables par le biais d’Internet et des médias. Créer des espaces de discussion avec eux a le mérite de poser le débat sur la table et de débattre des sujets décrétés tabous par la famille et la société.
  • Les enfants : victimes fragiles de ce trafic, ces conférences ont pour but de renforcer les actions visant à les protéger, à faire respecter leurs droits, et à punir les acteurs du tourisme sexuel impliquant des enfants.

Conférences :

  • 08 mars 2009 (France) : Conférence à l'ambassade de Tunisie à l'occasion de la Journée de la Femme, sous le thème : " L'expérience de la femme tunisienne au service de l'Afrique". Avec le Rassemblement des Femmes Tunisiennes de France Messages.
  • 13 février 2009 (France) : Conférence "Diversité, l'égalité des chances pour tous", à l'Assemblée Nationale, avec le Haut Conseil des Mariannes de la République
  • Décembre 2008 (France) : Causerie éducative, festival d'Afrique à centre culturel de Noisiel.
  • Octobre 2008 (France) : Congrès, à Paris, du Rassemblement Démocratique des Camerounaise à l'ambassade du Cameroun à Paris.
  • 25-29 juin 2008 (Autriche) : Séminaire à Vienne avec la Fédération Mondiale des Femmes pour la Paix.
  • Juin 2008 (Paris) : Conférence au Palais de Congrès, organisée par l'ambassade du Gabon
  • 23-24 avril 2008 (Italie) : Conférence universitaire avec Amnesty International et forum avec des lycées à Malpensa.
  • Avril 2008 (France) : Forum international pour la paix, à Dourdan, avec la fédération mondiale des femmes pour la paix et la fédération Universelle de la Paix. Nomination autitre d'ambassadeur de la paix.
  • 01-03 fév. 2008  (Suisse) : Salon international de la Pédocriminalité à Neûchatel.
  • 25 spet - 12 oct. (Côte d'Ivoire) : Présentation, à Abidjan, de Mayina sous l'égide de la fondation ADDES-Africa et présentation d'un lancement d'une série de campagnes de sensibilisation et de prévention sur les risques des trafics des êtres humains à des fins sexuelles et domestiques. 
  • Mars 2007 (France) : "Femmes et développement", avec le Mouvement Interafricain de Réflexion et d'action à la Francophonie.
  • Mars 2007 (France) : "Journée Internationale contre la Discrimination raciale". Collaboration avec l'association RADDHO, à Lyon.
  • 10 mars 2007 (Togo) : Journée de la Femme "La réponse des femmes aux violences", sous invitation de l'association Women of Africa sise au Bénin.
  • 4-11 mars 2007 (Bénin) : « La réponse des femmes africaines au trafic des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle », en collaboration avec Women of Africa.
  • Sept 2006 (France) : Festival ville d’Allonnes «Les femmes qui changent le monde ».
  • 2006 (France) : Salon du livre 2006, Porte de Versailles.   
  • 15 juillet au 02 août 2006 (Cameroun) : Campagne de sensibilisation et de la prévention du trafic des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.
  • 14 avril 2006 (Belgique) : Mouvement du Nid de Belgique, au Conservatoire Royal de Bruxelles.
  • 11 déc 2005 (France) : Conférence contre les discriminations à l’occasion de la journée des droits de l’homme. (Aide Fédération).
  • 15 nov 2005 (France) : Conférence auprès de l’Amicale du Nid de Marseille.
  • 08/09 Oct 2005 (France) : Salon des 24h du livre du MANS.
  • 21 sept 2005 (France) : Conférence à Bordeaux avec le Réseau d’Intervention auprès des Personnes Prostituées.
  • 24 au 29 juin 2005 (Espagne) : Conférence Internationale à Madrid sur le trafic des êtres humains : « L’Afrique face à la prostitution » organisée par la ville de Madrid.
  • 28 mai 2005 (France) : Conférence sur le thème « Prostitution et inceste » avec VOLTE FACE.
  • 29 avril au 07 mai 2005 (Cameroun) : Festival du MASSAO : Festival des voix des femmes à Douala.   
  • 2 avril 2005 (France) : Forum National de la F.A.S.T.I : Fédération des Associations de Solidarité avec les travailleurs immigrés «  l’Exploitation des femmes étrangères ».
  • 28 février 2005 (France) : Colloque au Sénat sur «  Les violences faites aux femmes », Palais du Luxembourg.   
  • 25 fév 2005 (France) : Conférence au CNIT de la Défense « Unies contre l’intégrisme pour l’égalité ».
  • Jan 2005 (France) : Conférence à l’UNESCO «  Le tourisme sexuel infantile à Madagascar ».
  • 05 oct 2004 (France) : Conférence de Presse pour la sortie du livre au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère à Paris à la Maison de la Radio.
  • 08 mars 2004 (France) : Conférence à l’occasion de la Journée de la Femme à la Mairie de Paris.
  • 14 déc 2003 (France) : Conférence à AIDE Fédération pour l’Egalité des droits des immigrés et contre les discriminations.
  • 08 mars 2003 (France) : Conférence à l’occasion de la Journée de la Femme avec l’association VOLTE FACE.
  • 2003 (France) : Conférence internationale des femmes issues de l’immigration à Saint-Denis.
  • Mars 2002 (France) : Conférence  de Solidarité pour le peuple haïtien avec l’Alliance Pan Africaine.

BoutounAm

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10 juin 2007

Publications

Mon combat contre la prostitution (ed. Gawsewitch, 2007) Acheter le livre                      

CouvAmely2 Des proxénètes, essentiellement des femmes dans les filières africaines, à celles qui prostituent leurs propres enfants à domicile, en passant par les prostitués hommes et femmes et les enfants africains victimes de la cette sourde prostitution, le second livre d’Amély-James KOH BELA restitue une sélection de ses quelque 1 000 témoignages récoltés sur le terrain dans le cadre de son enquête fleuve. Des morceaux choisis pour mieux comprendre la problématique et son ampleur. Un ouvrage vivant où l’on touche du doigt l’univers difficile dans lequel a évolué, seule, la travailleuse sociale camerounaise. Un silencieux sacerdoce dont l’épilogue heureux se trouve aujourd’hui dans l’action de son association Mayina.BoutounAm


La prostitution africaine en Occident (ed. CCINIA, 2004).  Acheter le livre

livre1 Douze ans d’enquête sur le terrain, plus de 1 000 témoignages, Amély-James KOH BELA a plongé corps et âme dans l’univers de la prostitution africaine en Occident. En résulte un livre référence bouleversant, qui sonne comme un cri de douleur pour une Africaine s’adressant à ses frères et soeurs du Continent. Sommet de l’ignomini et du scabreux, elle a été témoin des pires abominations sexuelles. Prostitution familiale, où des enfants de cinq ans sont prostitués par leur propre mère ou une tante sans scrupule, trafic de petites filles vierges, réseaux pédophiles, pratiques extrêmes, telles que la zoophilie ou la scatologie, drogue, filières de rabattage, elle a tout vu. Et tout consigné dans son ouvrage. Aujourd’hui menacée de mort, elle estime que son combat n’est pas vain et surtout qu’il est loin d’être fini...

10 juin 2007

12 ans d'enquête: une approche inédite

Quand je décide, à la fin des années 80, de faire un travail sur l’exploitation sexuelle des enfants, je suis loin d’imaginer dans quelle horreur je vais tomber. Le monde dans lequel j’atterris est d’une violence insoupçonnable. C’est en enquêtant dans le milieu afro parisien sur la vie en clandestinité que je découvre le trafic des enfants à domicile.

Le but était d’écrire une lettre ouverte aux Africains, que j’invitais, dès 1990, à chercher des solutions pour vivre chez eux, car l’exode ne saurait être une solution à la misère. Les années 2000 seront redoutables, car l’Europe s’ouvrira à l’Est et se refermera au Sud. Pour trouver des témoignages qui corroborent ces dires, je suis allée à la rencontre de plusieurs associations africaines parisiennes. C’est en entrant dans les foyers, dans les maisons et les associations, que je suis tombée sur le trafic clandestin en appartement des enfants africains. Dès lors, je me suis donné pour mission de dénoncer ces faits en sensibilisant les membres de la communauté.

BoutounAmPendant des années, je vais mener, seule, une véritable enquête dans les milieux afro en Europe. Des restaurants clandestins aux appartements, des salons de massage aux hôtels, des trottoirs aux bois, des urgences des hôpitaux aux associations : un travail de fourmi. De ville en ville, de trottoir en trottoir, de pays en pays. Un travail d'infiltration en douceur avec des changements d’identité  (parfois proxénète, parfois candidate à la prostitution). Des prises de risques maximales, quand on sait la violence du milieu dans lequel je vais évoluer. Un milieu où les acteurs sont des trafiquants, parfois des assassins.

Préserver l’innocence des enfants

L’utilisation de mon origine africaine est un atout. J’adopte une approche en plusieurs langues et dialectes que je connais. Il s’agit de rencontres directes avec les prostituées, les surveillants, les clients, les proxénètes et les intermédiaires.

J’ai connu de grands moments d’émotion, des larmes, des joies, des menaces avec des pistolets sur la tempe. Il m’est arrivé, plusieurs fois, de recevoir des gifles de jeunes femmes ou de proxénètes mécontents, de me faire injurier et huer à certaines conférences par des Africains sceptiques ou outrés. Malgré tout cela, je n’ai jamais démissionné. Au contraire. J’étais de plus en plus motivée. J’allais de plus en plus loin dans l’infiltration, avec un danger de plus en plus présent. Ces moments difficiles étaient parfois entrecoupés d’instants agréables, tels que la naissance d’amitiés, des invitations à des mariages, mais aussi des rapprochements qui se faisaient lors des décès, des expulsions, et des instants communs de colère et de révolte.

Tous ces moments constituaient un véritable cocktail de sentiments et de ressentiments tellement forts qu’on pouvait les toucher. Pour avancer dans ce monde de violence, de drogue, de mort et de sang, il m’a fallu plus que du courage et de la volonté. C’est une chose bien supérieure à tout cela que je transporte au plus profond de mon être, qui a été, qui est et qui sera toujours mon moteur. Cette chose, ce sont les valeurs que je transporte en moi. Et malgré les blessures et les déceptions, malgré les larmes, je reste debout. Je me bats et me battrai toujours pour la dignité et l’honneur des femmes. Je me bats pour la réhabilitation de la femme noire que je suis moi-même, pour le respect de la vie humaine et surtout pour que soit préservée à jamais l’innocence des enfants.

10 juin 2007

Dons et soutiens financiers

banniereMayina


Mayina, du bulu "Ma Yi Na" (langue bantou), signifie "Je veux que". Un nom qui symbolise l'affirmation de soi dans nos propres choix. Il introduit également la notion de responsabilité personnelle dans la conduite de nos propres vies.

télécharger le formulaire ci-dessous
(pour les paiements par chèques bancaires ou postaux)

don_formulaire

Télécharger le fichier : Dons et soutiens financiers

- Formulaire actif Word à télécharger, à remplir depuis son ordinateur, à imprimer, à signer et à renvoyer par courrier :

Association Mayina
Service Relations Membres 
64, rue Saint-Honoré 75001 Paris

10 juin 2007

Mes combats pour l’Afrique

Mon parcours, depuis bientôt 15 ans, m’a conduite à enquêter sur la prostitution africaine et, plus généralement, sur les trafics d’êtres humains. Des images d’horreur…

J’ai côtoyé l’insoutenable, le sordide. J’ai été heurtée dans ma sensibilité de femme et d’ Africaine.

Je me suis demandé comment ces mères, mes sœurs africaines, qui aiment leurs enfants acceptaient de les prostituer « après le goûter et avant les devoirs ».

L’Europe : un Eldorado ?

BoutounAmBeaucoup d’Africains sont attirés par l’Europe, nouvel Eldorado, et le modèle européen. Ils rêvent d’argent facile, de réussite spectaculaire et se retrouvent le plus souvent dans la pauvreté, parfois dans des situations bien pires que dans leur pays d’origine où ils étaient prospères. Dans la tradition africaine, ils ne peuvent pas retourner au pays où leur échec les exposerait au déshonneur et au rejet, non seulement, pour eux, mais pour toute leur famille demeurée en Afrique. Ils sont donc condamnés à rester. Alors, à situation extrême, réponse extrême ?

Des solutions « pansement » : non

  • La répression : les familles entreront d’avantage dans la clandestinité
  • Séparer les enfants de leur mère : cela reviendrait à casser le modèle familial
  • Augmenter les ressources par les allocations : c’est plonger ces familles encore plus dans l’assistanat et la dépendance.

Ma proposition …

  • Favoriser des modèles de réussite en Afrique en utilisant les valeurs, les traditions, les comportements et les potentiels, pour que l’Africain devienne l’artisan de son développement et de sa prospérité
  • Faire de l’immigration un vrai choix avec un vrai projet
  • Changer l’image que l’Africain a de lui-même et que L’Europe a de l’Afrique.

Mes actions sur le terrain

Inlassablement, je vais faire le tour des institutions internationales et nationales pour leur faire part des résultats de mon enquête.

Une démarche aussi douloureuse que laborieuse tant j’ai du mal à prouver les formes inédites et clandestines de prostitution propres au milieu africain.

Les demandes de délation des autorités, la campagne qui visait à me discréditer, lancée par certains proxénètes et relayée par certaines prostituées, ont créé, au sein de certaines associations, la méfiance et la non reconnaissance des faits dénoncés. Une situation qui va donner lieu à des échanges musclés pendant les conférences, mais qui n'entame pas ma détermination.

Amély-James KOH BELA

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9 juin 2007

Biographie

AmelyOneOriginaire du Sud du Cameroun, Amely-James KOH BELA, à l’aube de la quarantaine, est la troisième d’une famille de huit enfants. Elève brillante, elle arrive en France en 1985 où elle décroche un diplôme en sciences commerciales avec une spécialité en marketing international et en gestion financière.

Très tôt impliquée dans une vie associative active, elle met toute son énergie au service des autres et en particulier des sans-abri. Puis, en tant qu’acteur social (au sein de l’Organisation non gouvernementale Aide Fédération), elle découvre l’univers de la prostitution africaine en France. Univers dont elle ne soupçonnait pas la violence et les sordides particularités.

BoutounAmDouze ans plus tard, forte d’un travail de terrain éprouvant, elle consacre un premier livre à son expérience : La prostitution africaine en Occident. Un travail difficile - dont elle ne ressortira pas indemne - réalisé parfois au péril de sa vie. Son second livre, Mon combat contre la prostitution, regroupant une sélection des quelque 1 000 témoignages qu’elle a récoltés pendant son enquête, est à paraître au printemps 2007 (ed. J-C Gawsewitch, distrib. Gallimard).

Pour donner, en Afrique et ailleurs, une dimension opérationnelle à son travail, elle a créé, en 2005, sa propre association, Africa Prostitution, aujourd’hui Mayina. Amély-James KOH BELA est reconnue, au niveau international, comme l’experte mondiale en matière de trafic africain des êtres humains.

9 juin 2007

Trafic des êtres humains : Amély-James KOH BELA lance un appel à l’Afrique et à la diaspora

Le second ouvrage d’Amély-James KOH BELA, Mon combat contre la prostitution, est sorti vendredi dernier en France. Il regroupe une série des quelque 1 000 témoignages qu’elle a récoltés en 12 ans d’enquête sur la prostitution africaine en Occident. Derrière cet ouvrage, que la travailleuse sociale camerounaise considère comme un outil de sensibilisation, un message clair : rejoignez-la dans son combat pour la dignité et une meilleure image de l’Afrique.

Interview libre de droits.

BoutounAmProstitution : ma famille, mon bourreau… Prostitué(e)s, proxénètes, enfants, clients, Amély-James KOH BELA a, dans son dernier ouvrage Mon combat contre la prostitution, donné la parole à l’ensemble des acteurs des filières africaines de prostitution en Occident. Des témoignages émouvants, pathétiques ou révoltants, relatés au plus près du réel, qui plongent le lecteur au cœur d’une problématique difficile où la famille apparaît, directement ou indirectement, comme le premier des proxénètes dans ce trafic d’êtres humains. Amély-James décortique sa vision et partage, ici, les conclusions de son ouvrage. L’occasion pour elle de lancer un appel à l’Afrique et à toute la diaspora pour qu’elles la soutiennent dans son combat.

Vous avez déjà sorti un premier livre sur la prostitution africaine en Occident*, pourquoi avez-vous décidé d’écrire un second ouvrage sur le sujet ?
Amély-James KOH BELA :
Le premier livre était un cri. Celui-ci est un outil. Un outil qui va renforcer mon travail dans mes campagnes de sensibilisation en Afrique et ailleurs. Le livre ne regroupe que des témoignages, de proxénètes, de prostitués (homme et femme), d’enfants. En ce sens, il porte la voix des victimes.

Vous considérez également les proxénètes comme des victimes ?
AJKB :
Il y en a, évidemment, une partie qui est uniquement muée par la cupidité et voit le trafic des êtres humains comme un simple business. Mais l’une des spécificités de la filière africaine est que les proxénètes sont essentiellement des femmes. Des femmes qui ont souvent été elles-mêmes l’objet d’abus sexuels et ont souvent vécu dans un univers violent. Notamment au sein de la famille où l’inceste est un tabou puissant, alors qu’il reste un phénomène très présent. Une enquête du Centre international pour la promotion de la création (Cipcre), soutenue par le Canada, révèle qu’au Cameroun 40 % des jeunes filles interrogées ont connu des violences sexuelles. Ces violences du silence sont un terreau favorable au développement de certains comportements prostitutionnels, jusqu’au proxénétisme. Sous ce prisme, je considère que les bourreaux sont également victimes d’un système qui les a conditionnés. Ces personnes sont plus aptes à faire subir aux autres ce qu’elles ont, elles-mêmes, subi. Cela dit, même si je reconnais qu’il existe des circonstances atténuantes pour certains proxénètes, rien ne justifie, à mes yeux, qu’on vende un enfant comme jouet sexuel pour adulte. Dans mon livre, je montre que certaines « mamas » sont convaincues, via le sacrifice d’un enfant dédié à la prostitution, d’aider des familles entières. Au même titre qu’elles estiment aider les prostituées en leur offrant l’opportunité de travailler en Europe.

Il y a donc une dimension ethno-culturelle à votre travail?
AJKB :
Tout à fait. Il est difficile de comprendre le cœur de la problématique africaine lorsqu’on n’en regarde pas les soubassements ethno-culturels. Le mot prostitution, par exemple, est un mot qui n’existe pas dans de nombreuses langues africaines. Au sud-ouest du Nigeria, la fille aînée de la famille est invariablement destinée à la prostitution, tout comme dans certaines parties du pays, le sacrifice rituel d’enfants reste relativement banal. Il ne s’agit pas de condamner ou non ces pratiques. Je respecte les coutumes et la tradition, mais je me place tout simplement du côté de la vie et de l’intégrité physique des femmes et surtout des enfants. Et je me battrai jusqu’au bout pour ça. Par le dialogue et la sensibilisation, plus que par la condamnation et la diabolisation. C’est dans la tradition que l’on trouve la source des problèmes. C’est dans la tradition que l’on trouvera les solutions. D’où l’approche ethno-culturelle. C’est en discutant avec les familles, les chefs traditionnels et religieux, en essayant de trouver, avec eux, des moyens de faire évoluer la tradition et les systèmes éducatifs qu’on pourra avoir des résultats profonds et durables. Vous pouvez faire toutes les campagnes que vous voulez, si vous ne vous adressez pas aux bons prescripteurs, si vous ne savez pas comment leur parler, votre action restera un feu de paille.

A vous entendre, l’Occident n’a absolument rien à voir dans l’origine du phénomène prostitutionnel africain qui fleurit en son sein.
AJKB :
La colonisation a laissé d’importantes séquelles, dont la plus destructrice est l’image de l’Homme blanc qui a été insidieusement installée. Le Blanc s’est imposé comme un modèle d’excellence et de référence. Le monde du Blanc reste, aujourd’hui, synonyme d’opulence et d’abondance. Beaucoup d’Africains pensent qu’il n’y a pas de pauvres ou de misère en Occident. D’où la tentation de s’y rendre. Coûte que coûte. Dans n’importe quelles conditions. Sans autre but précis que simplement d’arriver sur place dans ce qu’ils considèrent comme un Eldorado absolu. La réalité les rattrape bien vite. Or, l’image de l’Occident est telle qu’un(e) Africain(e) ne peut rentrer au pays les mains vides : la famille ne comprendrait pas. Celle-là même qui s’est bien souvent cotisée pour assumer les frais de voyage. Celle-là même qui place tous ses espoirs (financiers) en celui ou celle qui est parti(e). Une pression qui pousse à trouver de l’argent rapidement et à tout prix, donc qui expose, notamment, à des risques prostitutionnels. L’argent arrive d’Occident, beaucoup y cachent leurs véritables conditions d’existence et restent ainsi des modèles de réussite à suivre. L’illusion est auto entretenue. L’Occident a, par ailleurs, imposé des valeurs, comme le matérialisme et l’argent, qui ont pollué les esprits en Afrique. Aujourd’hui, on est quelqu’un uniquement quand on a de l’argent. Mon objectif est d’opérer un rééchelonnement plus écologique des valeurs.

Dans quelle mesure la prostitution des enfants africains en Occident est liée au mythe de cet Eldorado présumé ?
AJKB :
Il y a une base culturelle. En Afrique, il est courant de confier un de ses enfants à un membre, plus fortuné, de sa famille pour lui offrir de meilleures chances de réussite. C’est au nom de cette pratique que des femmes installées en Europe proposent à leurs sœurs de leur confier certains de leurs enfants, afin qu’elles assurent leur « éducation ». Avoir un enfant en France, en Allemagne ou ailleurs est une offre que beaucoup ne peuvent refuser. Ces enfants (à partir de 5 ou 6 ans) seront effectivement scolarisés, mais contraints à faire 2 ou 3 passes après les cours et le goûter… dans leur propre chambre. C’est pour moi un véritable vol d’innocence et c’est en ce sens criminel.

Qu’avez-vous ressenti en découvrant, comme vous l’expliquez dans vos livres, que les proxénètes sont souvent des personnes de la propre famille des victimes ?
AJKB :
Le trafic n’est effectivement pas perpétré par des étrangers, mais par des personnes qui ont le même sang que les victimes. Cette découverte m’a profondément choquée. Je me suis "assassiné mon propre moral". Les proxénètes utilisent la tradition et les croyances pour perpétrer leur crime en toute impunité et justifier leurs actes. Beaucoup utilisent le maraboutage pour verrouiller les filles et les enfants, d’autres utilisent l’argument de la famille pour arriver à leurs fins. Vu le poids et l’importance de la famille en Afrique, les proxénètes jouent habilement sur la corde sensible en disant aux victimes que c’est « pour le bien de la famille » qu’elles doivent faire tout ça. C’est le cas des enfants qui me touche le plus. D’accord pour penser à la famille, mais qui pense à la vie de l’enfant ? Comment va-t-il grandir ? Quel adulte sera-t-il demain, lui qui est censé représenter la relève ? Que des adultes se laissent entretenir par des enfants est une grave démission quant à leur devoir et à leur pouvoir.

Même si on ne cautionne pas, on peut estimer qu’il s’agit d’une question de survie pour les familles ?
AJKB :
L’argument de la pauvreté ne tient pas en ce qui concerne le trafic en Occident. Ce qui me révolte le plus est que l’argent de cette prostitution-là n’est pas destiné aux besoins de base, ou à l’éducation. La majeure partie est dépensée en biens matériels, pour construire des maisons ou pour maintenir un certain niveau de vie.

Vos premiers détracteurs sont africains. Ils vous accusent de salir un peu plus encore l’image des Noirs en Occident. Que répondez-vous à cela ?
AJKB :
Au départ, ça m’a fait très mal d’être accusée par certains de mes pairs de stigmatiser les Noirs à mes propres fins. De me faire appeler « traître » ou « Pute à Blanc », parce qu’ils pensent que je fais tout cela pour me faire mousser auprès des Blancs en révélant les secrets de « débrouille » de la communauté. Mais il y a des réalités qu’on ne peut nier et qu’il faut regarder en face. Les trafics sont, certes, perpétrés par une minorité, mais voilà ce qui est en train d’arriver. (Elle hausse le ton) Alors oui, ça stigmatise les Africains. Mais c’est à nous de faire notre propre ménage et d’assumer nos propres responsabilités. Derrière le problème de la prostitution, c’est un véritable combat identitaire qui est en jeu. C’est l’image même des Africains dont il est question. Mon rêve est que les Africains prennent conscience du problème et surtout de leur valeur. Mon rêve est que nous nous tenions par la main pour créer une chaîne autour du monde pour donner un nouveau souffle à notre mère Afrique. C’est le plus beau et le plus fort message que les Africains peuvent envoyer au monde.

D’autres de vos détracteurs estiment que vous vous rendez complice du trafic pédophile en appartement quand vous ne dénoncez pas les coupables. Ils se demandent comment vous pouvez ne rien faire quand un enfant est en train de se faire violer par un adulte, dans la pièce à côté, pendant que vous continuez à parler calmement avec sa « mère » proxénète ?
AJKB :
C’était un dilemme très grave (son regard s’assombrit). Je travaillais sous couverture… Dénoncer une famille m’aurait définitivement fermé la porte aux réseaux dont il me fallait gagner la confiance. J’avais besoin de rencontrer ces personnes. J’ai toujours respecté l’anonymat de mes contacts. La Brigade des mineurs à Paris m’accuse de complicité, mais, pour comprendre et combattre le système, il me fallait entrer dans le système. (A voix basse et au bord des larmes) Alors oui, j’ai sacrifié quelques enfants pour mieux en sauver des milliers d’autres. Et, chaque fois que je ferme les yeux, je revois clairement le film de l’horreur et la tête de tous ces gamins d’à peine 10 ans qui (silence…) J’ai connu, à cause de cela, quelques problèmes de santé... Mais, quand je vois l’énorme engouement suscité par mes campagnes en Afrique, et le nouvel espoir que je suscite chez les gens, je me dis que tout ça en valait la peine. Et c’est ça qui nourrit, aujourd’hui, mon optimisme. Il y a des violences qu’on n’a pas le droit de faire subir aux enfants. Et je me suis juré de mettre tout en oeuvre, de faire tout mon possible pour stopper cela.

Dans votre premier ouvrage, vous décriviez les violences faîtes aux femmes dans le cadre de la prostitution avec une telle précision que beaucoup se demandent si vous n’êtes pas vous-même passée par là. Qu’en est-il exactement ?
AJKB :
Je n’ai, Dieu merci, jamais eu à me prostituer. Simplement, en passant des mois avec ces filles, j’ai fait partie de leur vie et elles de la mienne. Toutes ces douleurs qu’elles me racontaient ou que je pouvais voir, je finissais par les sentir dans ma chair. J’ai traversé, avec elles, des situations extrêmes, des plus violentes aux plus dramatiques. Des moments qu’on n’oublie pas.

Quel est votre plus beau souvenir dans tout cet univers difficile dans lequel vous avez évolué ?
AJKB :
C’est quand j’ai aidé une jeune prostituée guinéenne d’à peine 19 ans à accoucher en pleine rue. Elle travaillait avec une grossesse de plus de 7 mois. C’était très émouvant de donner la vie dans cet univers de mort et de violence. Une petite fille est née. Une petite fille qui porte mon prénom. Une petite fille qui ne connaîtra jamais son père.

Et votre pire souvenir…
AJKB :
Il y en a deux. Le premier, et c’était le point de départ de mon enquête il y a près de 14 ans, est quand j’ai réalisé qu’un enfant de six ans était en train de faire une passe dans la chambre d’à côté, alors que je parlais avec sa mère dans le salon. J’entends encore les cris de l’enfant et les râles de l’homme… (sa voix se brise). J’étais sous le choc. Cela m’a touché au plus profond de mes tripes. Mon second plus horrible souvenir est quand j’ai trouvé un petit garçon de 8 ans avec une bouteille de Coca Cola coincée dans le corps. J’étais en tournée nocturne, à Paris, avec l’ONG avec laquelle je travaillais à l’époque. Nous étions à la porte Dauphine avec le Samu, quand une grosse voiture s’est arrêtée devant nous. Un homme en est sorti, a fait le tour, ouvert la portière et jeté quelque chose dans l’herbe, avant de repartir en trombe. Ce quelque chose, c’était un enfant. En sang… Il avait le pantalon à moitié baissé, l’équivalent de 3 000 francs dans la main (450 euros). Il pleurait et criait en anglais « J’ai mal !». Il avait une bouteille de Coca Cola coincée dans l’anus. Ce qui avait provoqué une hémorragie. Une semaine plus tard, en allant le voir à l’hôpital, j’ai appris qu’il avait passé une partie du week-end avec son client qui s’était débarrassé de lui, après que ses jeux sexuels avaient mal tournés.

Quelles sont concrètement vos actions pour lutter contre la prostitution ?
AJKB :
Mon action s’inscrit dans un cadre plus large que la prostitution. Je préfère parler de trafic des êtres humains (à des fins d’exploitation sexuelle, mais pas seulement. On peut notamment citer l’esclavage domestique avec les petites bonnes). Toutefois, le trafic reste à mes yeux une conséquence. C’est aux causes et aux alternatives que je m’attaque. Les causes sont, pour moi, liées à l’identité et à la pauvreté présumée ou effective en Afrique. D’où un travail de terrain avec les acteurs locaux et une approche ethno-culturelle. J’ai déjà commencé à faire des caravanes de sensibilisation et d’information en Afrique (Cameroun, Bénin) et je compte en faire sur tout le continent et dans le reste du monde. Les alternatives au trafic des êtres humains sont économiques. À travers l’association Mayina dont je suis la présidente (et l'une des fondatrices, ndlr), mon but est de créer et de montrer des modèles africains de réussite partout dans le monde. Nous misons donc sur le développement des compétences et des potentiels pour créer des modèles inspirants pour l’Afrique. Un combat identitaire qui nécessite des moyens. Aussi je lance un appel solennel à l’Afrique et à la diaspora pour qu’elles nous rejoignent dans notre entreprise, en contribuant en argent, en temps et (ou) en compétence, à la hauteur de leurs possibilités, pour construire, ensemble, une nouvelle image de l’Afrique, plus forte et plus prospère.

David CADASSE, secrétaire général de l'association Mayina dont Amély-James KOH BELA est la présidente.

Mon Combat contre la prostitution, Editeur : Jean-Claude Gawsewitch
Collection : Coup de gueule
ISBN-10: 2350130886
ISBN-13: 978-2350130880
La prostitution africaine en Occident (CCINIA, 2004)

9 juin 2007

Le Droit de Savoir (extraits) sur TF1 Première

Le Droit de Savoir (extraits) sur TF1

Première partie


Je cherche mon Blanc (1)
envoyé par www-Piankhy-com

Deuxième partie


Je cherche mon Blanc (2)
envoyé par www-Piankhy-com

9 juin 2007

Vient de paraître... Des proxénètes

Vient de paraître...


couv_AmelyBoutounAmDes proxénètes (essentiellement des femmes dans les filières africaines) à celles qui prostituent leurs propres enfants à domicile, en passant par les prostitués hommes et femmes et les enfants africains victimes de la cette sourde prostitution, le second livre d’Amély-James KOH BELA restitue une sélection de ses quelque 1 000 témoignages récoltés sur le terrain dans le cadre de son enquête fleuve. Des morceaux choisis pour mieux comprendre la problématique et son ampleur. Un ouvrage vivant où l’on touche du doigt l’univers difficile dans lequel a évolué, seule, la travailleuse sociale camerounaise. Un silencieux sacerdoce dont l’épilogue heureux se trouve aujourd’hui dans l’action de son association Mayina.


Mon Combat contre la prostitution, Editeur : Jean-Claude Gawsewitch
Collection : Coup de gueule
ISBN-10: 2350130886
ISBN-13: 978-2350130880

 


AMELY JAMES KOH BELA (copyright L'inévitable, 2008)
envoyé par KohBela

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